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Convivialité, esprit d'entraide, et création d'un lien social entre tous les plaisanciers qui fréquentent le port de Vannes

lundi 21 août 2017

De Vannes à Vannes avec notre vedette HORIZON


Par une belle journée d’été, le soleil donnait de magnifiques reflets dorés et lumineux sur l’eau, les mouettes volaient au-dessus des bateaux dont les mâts tanguaient légèrement, nous sommes partis du port de Vannes, avec armes et bagages, petit sac pour William, trop gros pour moi (aux dires de celui-ci), pour une douzaine de jours, sur les cours d’eau du Morbihan.



Ce projet qui a germé dans l’esprit de William, a été longuement pensé, élaboré, préparé durant plusieurs mois et surtout réalisé.
Il consiste à faire une boucle, de Vannes à Vannes, en passant par la mer bien-sûr, la Vilaine,  l’Oust, l’Aff, le canal de Nantes à Brest (1) et enfin le Blavet.

C’est ainsi que nous sommes passés ou arrêtés dans plusieurs  communes : Arzal, Malestroit, Glénac, Josselin, Rohan, Pontivy, Hennebont, Lorient.
La navigation aurait été somme toute banale s’il n’y avait pas eu quelques difficultés de taille qui ont pimentées notre périple.
D’abord, la profondeur de l’eau. Notre tirant d’eau de 85 cm, peu important, certes, est un problème en soi dans la mesure où nous avons dû naviguer parfois dans 90 cm (voir 80) malgré la garantie de 1 m de profondeur. Mais ce n’était pas la pire des difficultés.


Ensuite, un problème non envisagé car non connu : une belle plante invasive – au doux nom d’Elodée – nous a causé une mauvaise surprise. En effet, cette plante introduite il y a une quinzaine d’années par les aquariophiles à leur insu (elle possède la vertu d’éviter la prolifération d’algues dans les aquariums), a envahi les cours d’eau, s’entourant sur l’hélice, empêchant ainsi le bateau de naviguer. Je vous laisse imaginer les dégâts possibles : le moteur chauffe et tutti quanti…  Le seul moyen de s’en sortir : marche avant marche arrière à plusieurs reprises pour se débarrasser de cette maudite intruse. 
Certains bateaux dénués de moteur assez puissant n’ont pas pu s'en sortir ; un plaisancier rencontré à Pontivy nous a raconté ses déboires. Il s’est trouvé obligé de faire appel à un tracteur pour le haler. Remarquez qu’il a demandé l’aide d’un tracteur et non à sa femme ! Oui, vous avez bien lu, à une femme ! Il fut un temps peu lointain (heureusement révolu) où c’était la femme du batelier qui pouvait haler le bateau (et on s’étonne que le MLF a été créé). 

L’Elodée est un véritable fléau et malgré le passage du faucardeur (2),  elle prolifère à une vitesse vertigineuse grâce à la lumière. Et cela coûte une fortune à la région.

Enfin, mais celle-ci était prévisible : le passage des écluses. En tout un peu plus de 100 sur l’ensemble du parcours.
Deux journées ont été particulièrement éprouvantes ; l’une où il a fallu passer une échelle de 26 écluses montantes très proches les unes des autres, l’autre une trentaine d’écluses descendantes (3). Nous avons été accompagnés ces 2 jours durant par 4 éclusiers fort sympathiques (avec deux voitures) qui nous ont nourris de figues, de champignons, de mûres et d’une bonne salade. Ils nous assuraient le passage de toutes ces écluses, se déplaçant en voiture sur le chemin de halage, ouvrant les vantaux et les portes avec un outil surprenant, la visseuse dé-visseuse,  nous préparant les bouts.

William à la barre, maîtrisant son bateau en bon capitaine vigilant et moi sur le pont du bateau avec un bout en main, prêt à être lancé à l’éclusier pour amarrer le bateau durant l’opération de remplissage (ou de vidage). J’avais l’impression d’être un cow-boy  avec un lasso en main, sur un beau cheval blanc, prête à affronter et dompter sa fougue (beaucoup d’imagination).

L’écluse ressemble à une grande baignoire que l’on remplit (ou que l’on vide) à gros bouillons et le bateau est bien secoué. Et tant pis pour les inconscients qui ne le tiennent pas.
Jusqu’à Josselin, les maisons des éclusiers sont bien entretenues, décorées, fleuries ainsi que les passerelles. Normal, il s’agit du parcours le plus touristique  (des bateaux de location majoritairement). Après cette commune, ce n’est plus la même musique : maisons fermées, murées, voir en ruine, absence de massifs de fleurs. Dommage !
Mais le paysage reste époustouflant, plus sauvage au fur et à mesure que l’on s’éloigne des lieux touristiques. Le cours d’eau est dans certains endroits encaissé comme un canyon dans un décor canadien. Le silence règne (hormis le bruit du moteur), la nature bien verte et dense semble sauvage ; le passage de cyclistes solitaires, en groupe ou en famille et de quelques randonneurs rompt cette – presque – monotonie. Pas de mots, de simples saluts respectueux réciproques entre des personnes qui, à priori, ont le même état d’esprit : se ressourcer en des lieux paisibles. 

Parfois quelques spectateurs curieux devant les écluses avec qui nous échangeons quelques mots amicaux, répondant à leurs questions. Le bateau file à petite vitesse (8 nœuds maxi) nous laissant le temps d’admirer le paysage, de prendre quelques photos. Nous sommes bien seuls (sur l’eau) depuis Josselin, aucun plaisancier en action croisé dans un sens ou dans un autre depuis cette ville et ceci jusqu’à Hennebont.

Ah !  Hennebont ! Ville qui nous laissera un souvenir mémorable.
Le passage de la dernière écluse, la numéro 28, juste avant Hennebont, était possible uniquement à mi-marée. Ce que nous avons fait. Mais après cette difficulté, une autre se présentait : Hennebont et ses 2 ponts, proches l’un de l’autre qui ne peuvent être franchis qu’à mi-marée également en raison de la hauteur de ces ponts et de la profondeur d’eau. 
Premier pont, le bateau passe de justesse mais il passe. Confiants, nous nous dirigeons vers le second ; trop confiants sans doute, car là, impossible de le franchir. Il faut trouver une solution rapidement. Repasser le premier pont en sens inverse, c’est trop tard, la marée étant désormais trop avancée. Faire des ronds dans l’eau a ses limites.  Nous nous amarrons donc au quai. De charmants promeneurs nous préviennent cependant que nous risquons d’échouer dans la vase à marée basse. Nous devons donc choisir le bon moment pour passer ce maudit pont ; il faut de l’eau mais pas trop. Après quelques heures d’attente – nous en avons profité pour nous promener sur les remparts de la ville – nous décidons de nous présenter devant le pont estimant que la mer avait suffisamment baissé. C’est qu’il faut arriver au pont pour juger si le passage est possible ou non. Youpi, c’est le cas ! Mais William s’y prendra à 3 fois pour passer cet obstacle en raison de la structure de l’arcade, construite en biais. Ouf, nous avons eu notre moment de stress. Nous n’avions pas envie  de nous échouer dans la vase, vraiment pas et pour cause !

Il faut dire que si nos vacances se sont globalement bien déroulées,  riches de rencontres, de découvertes et d’enseignement,  elles ont bien failli mal commencer, voir ne pas commencer du tout. 
Tout heureux de partir et de réaliser ce projet, nous voilà en grande discussion sur le bateau, moi et William, négligeant de regarder notre chère tablette alors que nous nous engagions sur la Vilaine. Voir des oiseaux marcher sur l’eau – ce n’est pas très commun – ont attiré mon attention. Trop tard ! Et mon cri implorant William de faire marche arrière n’a pas suffi. Il fallait se rendre à l’évidence ; nous avions lamentablement échoué.  Hélas, William n’a pas su résister comme Ulysse au chant maléfique des sirènes !

Après un moment d’hésitation et de réflexion, jugeant que le bateau restait stable, nous avons jugé bon de contacter le CROSS d’ETEL qui n’était pas très étonné de notre mésaventure (à priori cela arrivait assez fréquemment dans ce passage pas très bien signalé) et d’ailleurs,  nous nous sommes sentis moins stupides quand un voilier a connu la même mésaventure quelques heures plus tard  (Petite jubilation d’écolier !). 
Nous avons sagement attendu que la marée monte, suffisamment pour que le bateau se dégage de cette boue noire et odorante sous l’œil attentif des marins de la SNSM
Enfin tout est bien qui finit bien (4)

Ce projet nous a permis de redécouvrir un département (5) et malgré du stress parfois, aucun regret, bien au contraire. Nous avons rencontré des personnes sympathiques (sauf des anglais à Josselin qui n’ont rien compris au code maritime), des amoureux de la nature, désireux de se dépayser.
Ce récit – incomplet- vous donnera peut-être l’envie d’en faire autant !



 Muriel & William à bord d'Horizon


Quelques informations complémentaires :

(1) : En réalité la navigation est interrompue à partir de Pontivy, depuis la construction du barrage hydro-électrique de Guerlédan dans les années 1930.
Il est à noter que la navigation fluviale est gratuite en Bretagne contrairement au reste de la France.

(2) : Un bateau faucardeur ou encore faucardeuse (et pour d'autres la moissonneuse) parcourt le canal pour en limiter le développement mais elles sont bien présentes et reviennent dans le même état 15 jours après! Faucarder vient de la faucard, petite faux qu'utilisaient les meuniers de l'époque ancienne qui nettoyaient les herbes de la rivière. 

(3) : Une échelle d’écluses se traduit par des biefs très courts d’environ 100 mètres.
Les écluses vont dans le sens montant jusqu’au bief de partage d’Hilvern (entre Rohan et Pontivy) puis dans le sens avalant jusqu’à Hennebont.

(4) : Notre crainte était forte d'avoir endommagé l'arbre de transmission et son hélice. En effet notre vedette n'est pas faite pour échouer à même le sol, sans être munie de ses béquilles. Une inspection reste à faire lors d’un échouage (volontaire).

(5) : Exemples - visite du musée de batelerie à REDON – exposition photos de la Gacilly – le festival interceltique de Lorient.



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