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Convivialité, esprit d'entraide, et création d'un lien social entre tous les plaisanciers qui fréquentent le port de Vannes

vendredi 22 novembre 2013

Le piège de Lézardrieux


Début Juillet, Label Vie se trouve à Warsash, en Angleterre pour Vannes Fareham Voile, et il faut désormais le ramener à Conleau. 
Gérard Bodo a accepté de m'accompagner pour cette navigation retour de presque 500 miles. 
Après la traversée de La Manche et du raz Blanchard, nous sommes à Guernesey et nous devons choisir une escale en France pour continuer notre voyage.
Les courants, les horaires de marées, et les ouvertures de Saint Peter nous orientent vers une escale sur la rivière du Trieux au port de Lézardrieux. 
La navigation se passe très bien. 
Nous approchons de Brehat et du chenal d'accès le soir vers 19h.
C'est relativement brumeux, mais la visibilité d'environ 1 mile, nous permet de naviguer en toute sécurité. 
Une fois le début du chenal passé nous découvrons la magnifique rivière du Trieux sous un splendide soleil.

La magnifique rivière du Trieux qui est toujours restée sous le soleil

A notre grand étonnement, le chenal est parfaitement balisé avec d'immenses  tourelles en pierre d'environ 25 mètres de haut. 
Sans se poser de questions, nous prenons un catway au port distant d'environ 5 miles de l'entrée du chenal. 
C'est le 14 juillet, et le soir nous assistons à un magnifique feu d'artifice tiré à moins de 50 mètres de notre cockpit. 
Le lendemain, la marée nous commande de partir vers midi pour Roscoff. Le beau soleil, nous promet une belle navigation. 
Nous partons donc confiants...
Nous approchons de l'entrée du chenal, et percevons au loin que la brume est présente... mais "on en 
a vu d'autres" nous ferons attention voilà tout...
Arrivés au phare de la croix, notre attention est de plus en plus soutenue,  la visibilité tombe à moins de 100 mètres, nous continuons vers Brehat, mais assez vite, nous entrons dans un véritable mur de brume où la visibilité est totalement nulle. Nous percevons l'avant de notre voilier mais pas plus. 
Des voiliers sans doute partis avant nous, rebroussent chemin et les routes de collision sont nombreuses. Nous prenons la décision de faire demi-tour. 
Surpris par le phénomène, nous mettrons plusieurs minutes pour maitriser le courant traversier important et pour retrouver notre route dans ce nuage à travers les rochers où tout est blanc sans aucun point de repère. 
Après un quart d'heure de nav vers l'intérieur,  nous retrouvons le soleil...
Nous pensons que le phénomène s'est estompé et retournons vers la sortie: mais le mur est toujours là ! Nous devons rebrousser chemin. 
Nous décidons de ne pas revenir au port, mais de prendre un corps mort assez proche, qui nous permette d'observer le mur de brume. 
Nous en trouvons un à 50 mètres d'une immense tourelle verte de 25 mètres de haut: le mur ne disparaîtra pas de la journée !
Le lendemain à 7 heures: la tourelle a disparu.  Le mur nous a absorbé. Visibilité nulle tout autour du bateau !
Il faudra attendre 10 heures pour revoir l'immense tourelle verte et constater que la visi est désormais de 50 mètres, c'est d'ailleurs ce que confirmera le sémaphore de Brehat quand nous l'interrogerons.

La fameuse tourelle verte qui avait totalement disparu !


Le mur de brume s'estompe le soir vers 19h30. Nous pouvons passer... mais pour aller où ?
A cette heure les courants sont contraires et même pour aller à Trebeurdin ou Perros, ports assez proches, c'est impossible. 
Nous décidons de repartir au port de Lezardrieux au fond de la rivière. 
Nous interrogeons le personnel de la capitainerie. Il nous apprendra que ce phénomène est très connu et qu'il se produit très souvent par vent de nord. L'ensemble de la brume de la région se retrouve bloquée sur les hauteur de Brehat, forme un mur très dense, et interdit toute navigation... 
Personne ne nous ayant parlé de cette particularité du lieu, nous nous sommes fait prendre au piège comme des bleus. 

Nouvelle tentative le lendemain, le mur est toujours là, nous y entrons très pessimistes sur nos possibilités de passer, coup de chance, par moment, il est un peu moins compact et la visi monte entre 50 et 100 mètres. 
La cartographie nous guide, 3 miles plus loin, plus de rochers, et le radar peut fonctionner. 
Gérard est à la détection des échos et m'indique avec précision la position des bateaux croisés. 
Il nous commente notamment la position d'un écho important qui se rapproche de notre arrière à moins de 300 mètres pendant plus d'un quart d'heure. Nous percevrons pendant quelques secondes une immense vedette blanche genre Grand Bank faisant une route parallèle à la notre... avant de disparaître...
Nous croisons ainsi plusieurs bateaux à moins de 300 mètres sans jamais les voir. 
Puis peu à peu, la visibilité augmente, une fois en pleine mer nous retrouvons le soleil, et notre périple vers Vannes pourra continuer. 

Petit conseil: par vent de nord nord-est, ne jamais aller à Lezardrieux...

Bernard LAROY
à bord de Label Vie

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